Seule(e) face au mal-logement

 

Avec ce nouveau numéro de notre revue, qui reprend l’essentiel de la contribution de notre bureau d’étude à la rédaction du chapitre thématique du 25ème Rapport annuel sur l’état du mal-logement de la Fondation Abbé-Pierre, nous poursuivons notre exploration des différentes dimensions du mal-logement. Après avoir analysé en 2018 le thème du surpeuplement des logements[1], nous nous sommes cette fois-ci intéressés à l’inverse aux difficultés rencontrées par les personnes qui vivent seules.

Depuis plusieurs années, on assiste à une forte diminution de la taille des ménages français : la part des logements composés de trois personnes ou plus a chuté, au profit de celle des logements d’une ou de deux personnes. Ainsi, la configuration la plus fréquente est aujourd’hui celle des ménages unipersonnels, qui représentent plus d’un tiers des ménages. Derrière cette statistique se cachent des profils et des parcours variés : jeunes décohabitant, pères divorcés, personnes âgées, migrants…

Au-delà de la diversité de leur situation, tous font face à une problématique globale : l’inadaptation des politiques sociales et de logement aux besoins et ressources des personnes seules. En effet, malgré une évolution majeure de la composition des ménages français, ces politiques restent focalisées sur et pensées pour les familles avec enfants, avec des conséquences dramatiques dans deux domaines.

En raison de l’inadéquation structurelle de l’offre de logement, d’hébergement et des dispositifs d’aide à leur situation, les ménages unipersonnels sont tout d’abord particulièrement touchés par le mal-logement. Ils sont davantage susceptibles de rencontrer des difficultés pour accéder à un logement et s’y maintenir et de vivre dans de mauvaises conditions d’habitat.

En outre, les personnes qui vivent seules et notamment les plus précaires et vulnérables sont plus exposées au sentiment de solitude. Au-delà d’une simple question morale, cet isolement social devient un véritable enjeu politique quand on comprend la façon dont le (mal)-logement peut en être à la fois la cause et la conséquence.

A travers le recueil et l’analyse de données statistiques et de nombreux témoignages de professionnels associatifs ou de collectivités et de personnes mal-logées, cette étude vise à décrire les parcours et profils des personnes seules et à analyser les difficultés qu’elles rencontrent pour se loger, qu’elles soient simplement liées à la composition de leur ménage ou qu’elles soient aggravées par leur isolement. Enfin, elle présente plusieurs pistes d’actions et bonnes pratiques qui pourront inspirer les pouvoirs publics dans la meilleure prise en compte de la situation des personnes qui se retrouvent seules face au mal-logement.

Alice Best

FORS-Recherche sociale

[1] Recherche sociale n° 224