Les effets de la rénovation urbaine sur la gestion urbaine de proximité et la tranquillité publique (I)

Les interventions menées depuis 2003 dans ce qui a été appelé « Programme National pour la rénovation urbaine (PNRU) » ont réellement modifié l’image et le fonctionnement social des quartiers dits « sensibles ». Les promoteurs de ce programme au sein de l’Agence nationale de la rénovation urbaine (ANRU) comme au sein des collectivités locales qui en ont porté la réalisation peuvent ainsi se prévaloir d’avoir mis en œuvre l’une des politiques urbaines les plus ambitieuses menées dans notre pays depuis l’après-guerre. Cependant, malgré les nombreuses réussites à porter au crédit du PNRU, tous les problèmes n’ont pas pu être réglés. Ce programme est en effet apparu progressivement non pas comme une fin en soi mais comme la première étape d’un processus de reconquête devant s’inscrire dans la durée et sur un territoire plus large que celui du quartier. (….) Pour ce faire, les collectivités ont été incitées, à partir de 2013, à s’engager dans l’élaboration de Plans stratégiques locaux (PSL) afin de se préparer à s’engager dans ce qui allait devenir à partir de 2015-2016, le Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU).

L’étude que nous présentons dans ce double numéro de Recherche sociale (n°225 et 226) a été réalisée à la demande du CGET[1], entre l’automne 2014 et l’été 2015, précisément à ce moment charnière de l’évolution de la politique nationale de rénovation urbaine, Il s’agissait, à partir d’investigations menées sur un échantillon de sites ayant bénéficié du PNRU, d’évaluer les « effets de la rénovation urbaine » en termes de gestion urbaine et de « tranquillité publique ». Ce qui était visé précisément était une appréciation de la manière dont le fonctionnement social et urbain avait été pris en compte lorsque les espaces ciblés par les opérations de rénovation urbaine avaient été (re)pensés (en termes d’accès, d’usages, d’entretien, …). L’ambition de ce travail était de tirer les enseignements d’un ensemble de réalisations afin de dresser un inventaire des conditions permettant de mieux appréhender l’« après-projet urbain », afin de les intégrer en amont des futurs projets. (…)

Pour ce travail, nous étions associés à deux experts de la rénovation et de la gestion des quartiers d’habitat collectif : Michel Bonetti, sociologue, à qui l’on doit d’avoir conceptualisé et diffusé la démarche de « Gestion urbaine de proximité (GUP) » ainsi que d’avoir théorisé le lien entre conception urbaine et fonctionnement social, et Jean-Didier Laforgue, architecte-urbaniste, au côté duquel nous revendiquons la fabrication de projets urbains ayant une « dimension inclusive ». L’ensemble du texte qui suit est le résultat des échanges fructueux qui ont émaillé notre collaboration.

Didier Vanoni (FORS-Recherche sociale)

[1] Le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) est un service de l’État placé sous l’autorité du ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales. Il appuie le Gouvernement dans la lutte contre les inégalités territoriales et le soutien aux dynamiques territoriales. Le CGET est issu du regroupement de la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (Datar), du Secrétariat général du comité interministériel des villes (SGCIV) et de l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé).