Les figures du mal-logement dans les Outre-mer : les Antilles

Depuis plus de 20 ans, FORS-Recherche sociale accompagne la Fondation Abbé Pierre dans l’élaboration de son rapport annuel sur le mal-logement et contribue à en décrypter les multiples facettes par le prisme du vécu des ménages comme par celui des politiques publiques mises en œuvre. A vocation nationale, le rapport est chaque fois réalisé avec le souci de mettre en lumière les différences territoriales grâce à l’appui des agences régionales de la Fondation Abbé Pierre et aux enquêtes menées auprès des acteurs locaux. Or, force est de constater que les Outre-mer sont bien longtemps restés hors des radars. Les limites de l’outillage statistique traditionnel, la faible présence des acteurs et grands réseaux associatifs[1] expliquent en grande partie l’invisibilisation de cette France « ultra-périphérique », pour reprendre les termes de l’Union Européenne.

Animée depuis sa création par une volonté de dévoilement et d’alerte, la Fondation Abbé Pierre a donc naturellement confié à FORS-Recherche sociale la réalisation d’une étude exploratoire visant à caractériser les figures du mal-logement dans les Outre-mer. Débutée fin 2018, l’étude est fondée sur des entretiens menés auprès des principaux acteurs institutionnels et associatifs au niveau national ainsi que sur des enquêtes approfondies dans plusieurs Départements et Collectivités d’outre-mer : Martinique, Guadeloupe, La Réunion, Mayotte, Guyane[2], la Polynésie française et la Nouvelle Calédonie. Elle s’est achevée courant 2019, au moment où le Gouvernement et les principaux acteurs du logement s’engageaient dans le 2ème plan logement Outre-mer 2019-2022.

A la suite des deux premiers numéros rendant compte des principaux enjeux relatifs au mal-logement dans les Outre-mer en général, puis dans les territoires de Mayotte, la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie, nous proposons dans cette troisième livraison de notre revue un éclairage ciblé sur la situation des Antilles. Au-delà leur diversité, les territoires ultra-marins ont en commun l’ampleur et la spécificité des situations de mal-logement qui s’y expriment et de se heurter aux limites des politiques publiques qui y sont déployées. Essentiellement portée par la construction de logements, l’intervention publique mérite aujourd’hui d’être profondément renouvelée et réinvestie dans sa dimension sociale et environnementale. Un changement de regard s’impose pour enfin développer une politique soucieuse des modes de vie, des aspirations et des savoir-faire des populations ultra-marines.

 

 

Juliette Baronnet
FORS-Recherche sociale

 

[1] Précisons que la Fondation Abbé Pierre dispose d’une agence régionale implantée à La Réunion

[2] La Guyane n’a pas à proprement parler fait l’objet d’enquêtes dans le cadre de cette étude mais dans celui de diagnostics réalisés en vue de l’actualisation du PDALHPD